Planète MARS-EYE

Auguste Franck

prix // 5 €


Collection les petits livres de Sagesse

 

 

Au prix modique de 5 €, port inclus, un petit texte cabalistique de huit pages d'Auguste Franck dans la grande tradition de la navigation littéraire en eaux troubles. Ce manuscrit ô combien inédit d’Auguste Franck, repêché dit-on un jour de Mistral au large du château d’If dans une bouteille de pastis 51, se veut être un véritable aveu de soumission à la cité phocéenne.

 

Un texte irréparable qui permettra au lecteur sagace, le regard ébahi, de découvrir un pan entièrement méconnu de l’œuvre littéraire de ce savant de Marseille. Interrogé sur cette saillie provocatrice l’auteur nous a répondu : « - D’une certaine manière, cette nouvelle pourrait raconter l’histoire de Gus, un nègre littéraire à qui un romancier surbooké demande de se charger d’aller dans l’antique Massilia, à sa place, pour écrire un dépliant touristique sur la mythique ville sudiste. Gus plongeant sciemment dans les bas-fonds de la ville phocéenne tombera sur un trio d’écrivains déchus baptisés « les soleils noirs » qui l’emmèneront profaner entièrement la littérature contemporaine qu’ils associent à une gigantesque escroquerie sans nom. S’ensuit une odyssée mystique et initiatique où la porte de sortie ne s’entrevoit qu’à la toute fin de l’histoire… ».

 

 


8 pages


ISBN tiré à part


Voir aussi //

 Lézards martiens



(extrait)


 

 

II - Deuxième jour – Un pacte devant l’azur.

 

 

 

Trop engourdi ces derniers temps par la chaleur d’été pour écrire un conte à faire la sieste debout j’ai demandé la semaine dernière à un ami, Auguste Franck - « Gus » pour les intimes - un pote de couleur, de prendre la plume à ma place pour écrire ces quelques pages pour honorer Marseille. Ce travail me pesait et j’avais peu d’appétit à vrai dire à cerner tout le bien que j’eus pu dire de la ville bleue posée sur une mer d’huile, juste-là où veille l’ange qui monte la garde. Certes je pensais bien qu’il fallait depuis longtemps décoloniser la littérature de sa race d’usurpateurs, mais de là à se passer totalement de nègres ? Il en faudra toujours des rebelles et des francs tireurs. Des hommes de coulisses. Il en faudra toujours des tags sur les murs et des oursins de mer.

 

- Mars-eye ! Une planète pareille ça se fête, nom de Dieu ! ... me dit-il entre deux hoquets. Certes, la mission avouée d’un « nègre littéraire », comme on dit aujourd’hui en langage politiquement correct est avant toute chose de savoir donner de l’intelligence au verbe, du style aux eunuques et des idées aux cons. Tâche cyclopéenne s’il en est, dûment acceptée contre bien sûr une forte rétribution bien en accord avec les talents occultes dudit plumitif. Mais quand même me dis-je, il faut savoir choisir avec défiance un tel complice dans l’art consommé de décongeler les mots. Pour ma part je dois bien reconnaître que, la paresse aidant, mes capacités scripturaires s’étaient fortement altérées ces dernières semaines et l’aide d’un auxiliaire patenté aux multiples talents de couteau suisse s’avérait pour l’occasion être plus que nécessaire, fut-il souffreteux. Mais serait-il à la hauteur ce bougre torve au langage d’amarante pour torcher à ma place un conte de la mort qui tue qui puisse déchirer sa race pour qu’au moins on se souvienne de moi devant l’éternité de l’Académie des Belles Lettres ? À choisir, je voudrais un texte magique avec des courbes de femmes, sinueux à plaisir tel un polar sombre aux multiples rebondissements incertains, un texte sentant l’aïoli pour que l’on puisse dire que pour honorer sa ville l’écrivain fada de la planète Mars s’était quand même fendu d’un putaing de sacré texte byzantin qui n’avait rien à envier à la prose ampoulée du premier houellebecq venu. J’aurais bien demandé à Carrese de faire la gâche, mais il était indisponible pour le moment. À ces mots Gus qui n’écoutait que d’une oreille distraite mes divagations saugrenues en forme d’éloge à la marseillitude, me vit commencer sans conviction à tapoter négligemment sur mon ordinateur portable ces quelques notes de relecture. Même pas un Mac. Mon nègre de service, dans l’intervalle, se resservit avec deux glaçons un plein verre de Pastis 51 - du groupe Pernod Ricard, leader mondial des anisés - tout en me disant de ne pas m’inquiéter et que, d’ailleurs, selon la formule par lui consacrée : « tout se déroulait selon le plan prévu »… Yo ! Mais c’était quoi le plan - bon sang… !

 

 

 

 


  *   *   *