Présence de FULCANELLI

Jean Artero

prix // 30 €


« Les Initiés inconnus gouvernent seuls. » - Fulcanelli - À l’heure sonnée des révélations de toutes sortes, entre souffle et mercure, un nombre important d’auteurs, en moins de soixante-quinze ans, ont tous - sans aucun doute - dans divers écrits biographiques, révélé la véritable identité de Fulcanelli. Portraits de personnalités en silhouettes, faits de nombreuses suppositions énigmatiques et de thèses fortement controversées… De ces personnages dépeints en pleine lumière, jamais identiques, tous avancés contre leur gré sur le devant de la scène, on ne compte à ce jour pas moins de douze propositions fulcanelliennes toutes différentes et aussi singulières pour l’alchimiste auteur du Mystère des Cathédrales que : Jean-Julien Champagne, René Schwaller de Lubicz, Pierre Dujols, Eugène Canseliet, François Jollivet-Castelot, Pierre de Lesseps, Alexis de Sarachaga, un collectif d’auteurs et d’opératifs, ou plus récemment encore : Camille Flammarion, Alphonse Jobert, Jules Violle… Quel est donc alors « le véritable Fulcanelli » dans cette cohorte de biographies prétendues ? Le grand mérite du présent livre de Jean Artero, fin connaisseur de l’Histoire occulte de la Belle Époque est, pour tout dire et pour la première fois, de ne surtout pas révéler cette identité ; mais de parfaitement discerner ici en quoi les thèses évoquées jusqu’à présent s’éloignent d’une vérité biographique authentique. C’est en cela que cet ouvrage puissant fera date. Le « qui est Fulcanelli ? » n’est pas pour Jean Artero le socle de référence de cette étude érudite. Pour passer au plus près de l’incarnation flamboyante, c’est bien plutôt dans le « qui n’est pas Fulcanelli ? » que réside la véritable analyse de cette équation biographique… Un livre étonnant où l’on trouvera une réflexion fouillée et argumentée sur les raisons du rayonnement exceptionnel et croissant, à l’étranger comme dans notre pays, de l’alchimiste Fulcanelli, cet homme brillant et hors du commun ainsi que les arguments qui président encore à la pérennité d’une œuvre toujours plus vivante. Cet ouvrage diffère donc très largement de tous les livres qui ont déjà été consacrés au parcours personnel de Fulcanelli et qui se sont généralement cantonné à la résolution de l’énigme de l’identité de cet Adepte, resté parfaitement anonyme…

 

75 photos & documents avec une photo inédite de Jean Julien Champagne.

 

Sommaire / Dédicace - Introductives réflections – Envoi – Avis - Histoire et monument – Fama - Le matin d’un magicien - L’éternel phénix - In nomine patris - Urban legend - Un château en Espagne - Who’s who - Boire à la source - La fin de la gloire du monde - Quien sabe - Le serviteur fuyant – Vulcanelli - Fulcanelli revoilé - Quand sel y est - Autobiographie d’un parfum - Des nobles à la rose - Qu’est-ce que l’alchimie ? - Somme de perfection du magistère - Mehr Licht - Une goutte d’or - Fulcanelli et le cryptologue - Légendaire laboratoire - Materia prima - Le feu sacré – Poiesis - La porte étroite - Fulcanelli et l’adepte - La rôtisserie de la reine - Du magnétisme - Rendons à César - L’avis de Pacha - Demeures d’un Philosophe - Corps céleste.


380 pages


ISBN 275510032X


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Article



(extrait)


« Fulcanelli a surabondamment prouvé qu’une grande partie de la décoration dans les églises, depuis l’humble paroissiale jusqu’à la plus riche cathédrale, ne peut s’expliquer de manière satisfaisante du seul point de vue de la religion ou de la morale. » (Canseliet) Il en est ainsi par exemple des mérelles, coquilles de saint Jacques ou bénitiers en forme de coquilles, qui servaient autrefois à contenir l’eau bénite et sont emblématiques de l’eau benoîte des Philosophes. « On les rencontre encore fréquemment dans beaucoup d’églises rurales. » (Fulcanelli) - Fulcanelli nous présente donc d’emblée le temple gothique comme un mutus liber, et la cathédrale de Paris ou celle d’Amiens, qu’inspira la première, est donc à son idée essentiellement une « Bible occulte aux massifs feuillets de pierre. » « Le porche central de Notre Dame d’Amiens est la reproduction à peu près fidèle, non seulement des motifs qui ornent le portail de Paris, mais de la succession qu’ils y affectent. Sur les deux édifices, mêmes symboles, mêmes attributs, mouvements et costumes semblables. » » Bizarrement, du moins au premier abord, il ne s’attarde guère cependant sur la troisième église pourtant capitale et « admirable » de Bourges, et de la cité royale étudie plutôt des « loges » civiles, dont les emblèmes alchimiques sont attribués à Jacques Cœur pour l’une, mutilée, et pour l’autre, intacte, à Jean Lallemant, tous deux laïcs et alchimistes. Et proches tous deux des rois de France… car l’alchimie à la fin du moyen âge quitte pour Fulcanelli la cléricature, et les arts libéraux, « entraînés par le grand courant de décadence qui prit le nom paradoxal de Renaissance », s’approchent, certes à leur grand dam, du temporel et (…).

 

 

 

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LA FIN de LA GLOIRE DU MONDE

 

 

 

 

 

Il y a encore une autre idée que je m’en vais incontinent vous soumettre, s’agissant des textes, qui ne devrait pas trop vous surprendre après lecture de ce qui précède.

 

Ma profonde conviction, qui d’ailleurs va probablement nous aider à trouver une transition aisée avec l’examen subséquent des sources existantes sur Fulcanelli, est en effet que de même qu’on pourrait valablement en revenir aux publications initiales de Jean Schemit pour ce qui est du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales, de même il serait sans doute extrêmement utile à la postérité qu’un éditeur aventureux ose enfin faire paraître… le Finis Gloriae Mundi (F.G.M.) de Fulcanelli.

 

Cet important travail qui selon Canseliet eut élevé son oeuvre à la trilogie alchimique la plus extraordinaire.

 

Je sais, il y a déjà le « faux » F.G.M. de Liber Mirabilis en 1999, auquel j’ai fait allusion d’entrée de jeu (d’or.) Lequel a été traduit en espagnol dès 2002, et est aussi signé d’un certain Fulcanelli. Ni mas, ni menos. Depuis 2007, il est aussi disponible en italien.

 

Savez-vous qu'un autre Finis Gloriae Mundi est paru en anglais dès 1986? Ce curieux fascicule, apparemment traduit du français par Elizabeth van Buren, est, lui, l'oeuvre d'un dénommé H. Elie, que je soupçonne fort de n'être autre qu'Urbain de Larouanne. Il se réfère explicitement à Fulcanelli et à ces mystères en pleine lumière (Maurice Barrès) que sont les  « mystères de Séville. »

 

Patrick Rivière cite également un écrit hors commerce, par lui non daté, de Pyrazel, de surcroît auteur de L'ambroisie du soleil; dans cet écrit, intitulé Le Grand Œuvre à tire-d'aile, il est encore question du « vrai » Finis.

 

Mais l'ouvrage publié par Jean-Marc Savary, avec la caution morale de Jacques d'Arès, n'est pas, de l’aveu même de son auteur, « vrai faux » Fulcanelli, celui dont l’Adepte véritable a en 1923 confié la rédaction à Eugène Canseliet à partir de notes, avant de lui en retirer l’essentiel quelque temps plus tard, en 1929, dans sa décision ferme prise alors que ces révélations ne dûssent pas paraître, et ce certainement « pour de graves raisons. »

 

Le titre de ce troisième livre non paru de Fulcanelli est en effet nettement apocalyptique d’esprit, et tranche quelque part sur ceux des précédents. Canseliet lui-même confirme que « cette partie de son œuvre traitait de la destinée de la terre des hommes » et fut finalement retranchée sur son ordre.

 

Et il semble de façon extrêmement pessimiste attribuer cet ordre à la prise de conscience par l'Adepte du caractère inéluctable du dit destin terrestre, «devant la passive résignation des peuples asservis par le scientisme.»

 

Cette angoissante question, nous confie le disciple, « occupa longtemps la plume du maître », taraudé par l'impérieuse obligation d'avertir l'humanité en imminent péril, et de l'instruire en même temps du rôle dévolu et assigné sur ce plan  de toute éternité à l'alchimie salvatrice.

 

D'une certaine façon, le Finis fulcanellien se présente donc à nous comme « le glas cyclique annonçant l'abomination de la désolation aux peuples, nombreux et grégaires, qui vivront les lustres ultimes de l'âge de fer. » (Canseliet)

 

Bien avant Paul Valéry, membre distingué comme Edouard Schuré et bien d'autres du comité d'honneur d'Atlantis, qui fut sans doute aiguillonné par les massacres du second conflit mondial, Fulcanelli avait donc sans doute abordé dans son troisième ouvrage le thème alors novateur ou du moins rénovateur du « nous autres, civilisations, nous savons désormais que nous sommes mortelles. »

 

Clairvoyance de Fulcanelli, à propos de qui Canseliet souligne à juste titre: « N'oubliez pas qu'à  cette époque il possédait la Pierre. » Et encore:

 

« Une troisième partie de l'œuvre de Fulcanelli existait, que son auteur reprit. A cette époque, il y avait déjà six années que notre vieux Maître avait réussi l'élaboration de la pierre philosophale. »

 

Quoiqu’il en soit, j’estime pour ma part que le Finis Gloriae Mundi de Liber Mirabilis n’est pas du même auteur que les Fulcanelli d’origine, et que, quel que soit le jugement qu’on puisse par ailleurs porter sur son intérêt ou son absence d’intérêt, il sort clairement du cadre de cette étude.

 

Il a cependant d’après moi au moins un mérite, qui est celui de nous accoutumer quelque part à l’idée que je trouve porteuse de sens d’un Fulcanelli pluriel ou si vous voulez de plusieurs Fulcanelli, idée qu’après d’autres je trouve non pas fumeuse, mais fameuse et sur laquelle je compte bien revenir.

 

Je ne suis donc que partiellement, et comme toujours à mes risques et périls, l'opinion de Jean-Pierre Thomas, qui n'a pas craint de se dénommer, apparemment d'autorité, Frère Chevalier d'Héliopolis, opinion relayée par Rivière et selon laquelle nous avons affaire ici à un « faux » Finis, « ridicule » et « insipide. »

 

Et du même Rivière, je ne partage pas non plus bien entendu la mise en garde explicitement formulée contre toute tentative d'édition de ce texte: « Il ne pourrait s'agir que d'un faux en l'occurrence, toute trace de l'ouvrage en question ayant totalement disparu. » Qu'en sait-il? Ou plutôt, et qui plus est, c'est le contraire qui est vrai.

 

Je ne suis pas non plus convaincu par les considérations énigmatiques d'Otero sur « l'inexistence » du Finis. Il est vrai qu'il ne fait rapporter l'opinion d'autrui, selon laquelle la troisième oeuvre serait en fait un montage de Canseliet, réalisé à des fins précises.

 

Si ces fins sont aussi précises, que ne les précise-t-on? On retrouve là à mon sens l'antienne bien connue d'une prétendue supercherie qui serait en définitive la clef de l'œuvre de Fulcanelli. Je ne tirerai pas sur cette ambulance ou plutôt ce corbillard anti-fulcanellien.

 

Et il sera plus avant question, naturellement, de la probité de Canseliet, qui quand on le connaît un peu au travers de sa vie et de son œuvre, n'a aucun mal à surpasser de beaucoup celle de ses détracteurs.

 

Lisez plutôt le livret érudit du juriste Jean-Pierre Baud, précisément intitulé Le procès de l'alchimie. Il nous renseigne excellemment sur la genèse inquisitoriale de sa mise au banc des accusés, en même temps que sur la mentalité bien particulière de nos modernes « chasseurs d'apocryphes. » Et nous confirme tout comme Alfredo Perifano, que l’Eglise n’a jamais condamné l’alchimie en tant que telle.

 

En définitive, il paraît évident en tout cas que le fait de qualifier d'inexistante une oeuvre dont on possède non seulement le synopsis mais d'aussi importantes parties, et même dès à présent une ou des illustrations, est pour le moins aventuré.

 

Mais alors, me direz-vous à juste titre, et le vrai F.G.M. selon vous ? D’abord je vous répondrai que les notes ci-dessus mentionnées de Fulcanelli ne sont peut-être pas perdues pour l’éternité. De l'aveu même de son disciple, il n'est pas certain qu'elle furent détruites. Après tout, si nous suivons Eugène Canseliet jusqu’au bout, Fulcanelli a bien conservé l’essentiel de sa bibliothèque, n’est-il pas ? Il est.

 

De plus, toujours d’après Canseliet, certaines notes du Finis Gloriae Mundi se trouvaient « ab initio » en dehors du paquet « scellé à la cire » qui lui fut ensuite repris. « Fulcanelli m'a réclamé le paquet et me l'a retiré.

 

Quelques notes ont été vraiment rédigées, et se trouvaient en dehors du paquet des autres notes, je ne sais pourquoi. J'ai utilisé ces textes pour donner une idée de ce qu'aurait été le troisième livre. »

 

Ce sont ces notes qui, si je comprends bien, ont servi à Eugène, dans les années 1950 et 1960, pour adjoindre au Mystère des Cathédrales un chapitre consacré à la croix cyclique d’Hendaye, et aux Demeures Philosophales ceux du Paradoxe du progrès illimité des sciences, du Règne de l’Homme, du Déluge, de L’Atlantide, de L’Embrasement, et de L’Âge d’Or.

 

Le disciple dit ne rien avoir changé pratiquement, à ces chapitres qui étaient tout rédigés. En outre, il est permis de penser que Fulcanelli les lui a laissés intentionnellement. Pour Jean Laplace, nous avons là en fait « de larges extraits du troisième livre de l'Adepte. »

 

Je voudrais également relever le fait que dans son entretien avec Jacques Chancel Eugène Canseliet parle à propos du Finis d’ « un manuscrit. » Alors, manuscrit ou notes ? Nous verrons bien…

 

Enfin, au-delà même de l’unité de ton intrinsèque de ces textes, leur thématique « chiliaste » est encore une fois très différente de celle, essentiellement monumentale, qui a inspiré la rédaction des Demeures Philosophales.

 

Car il est ici principalement question de ce que Frédéric Nietzsche a appelé l’éternel retour, autrement dit nous sommes dans une conception clairement cyclique de l’histoire. Qui d’ailleurs est loin d’être unique en alchimie.

 

Je pense en particulier, naturellement, au Grand Livre de la Nature, sive l’Apocalypse philosophique et hermétique, « ouvrage aussi curieux qu’abstrus et paru à la fin du XVIIIème siècle » (Canseliet), que Pierre Dujols réédita en 1910.

 

Mais une telle tradition est certainement bien plus ancienne, puisque dans un de ses livres (sur

L’occultisme et la franc-maçonnerie écossaise, 1928), René Le Forestier, qui par parenthèse situe l’apogée de l’alchimie au XVIIème siècle, nous signale une Apocalypse alchimique…de Basile Valentin.

 

Jean de Clairefontaine (feu Maurice Auberger) a, en 1985 encore, publié son Apocalypse, révélation alchimique, dont Fulcanelli est d’ailleurs curieusement presque totalement absent.

 

Pour ce dernier, le millénarisme primitif, « doctrine acceptée puis combattue par Origène, saint Denys d'Alexandrie et saint Jérôme, bien que l'Eglise ne l'eût point condamnée, faisait partie des traditions ésotériques de l'antique philosophie d'Hermès. »

 

On pourra d’ailleurs en trouver comme un ressac dans cette affirmation, étrange au premier abord de Francis Bacon, qu’a très justement relevé Alleau. Pour lui, l’antiquité est la vraie jeunesse du monde, et à proprement parler c’est notre temps qui est l’antiquité, le monde ayant vieilli.

 

Laura Knight-Jadczyk sur son site “web” affirmait en 2005 que son propre livre The secret history of the world (2002), traduit depuis en espagnol et français, se révélait proche en définitive de la structure et de la forme du F.G.M.

 

Elle y faisait également état de l’opinion de Patrick Rivière, selon lequel Fulcanelli a retiré son troisième livre, d’une part parce qu’à l’époque il n’y avait pas de preuve scientifique du basculement apocalyptique des pôles, et d’autre part tout simplement  parce qu’il savait en tant qu’Adepte que « ce n’était pas encore le moment. »

 

Ceci vient me semble-t-il quelque part corroborer les assertions sur ce point d’Eugène Canseliet lui-même.

 

En 2006 enfin, Urszula Szulakowska a publié son dernier essai en date, consacré justement à la tradition apocalyptique de l’alchimie, notamment protestante : The Sacrificial Body and the Day of Doom.

 

Pour un Canseliet, le Grand OEuvre alchimique fait partie intégrante de la tradition ancestrale qui nous est venue, par héritages successifs, de l’antique Egypte « et de l’Atlantide infortunée, disparue sous les flots et les laves. »

 

Dans mon esprit, nous retrouvons bien ici la trame du F.G.M. et de ses cataclysmes périodiques, auxquels succède d’abord un « Age d’Or » dont ne bénéficient dans un premier temps que quelques rescapés dirigés par une minorité d’initiés, enfants d’Elie ou élus.

 

« Sauf un petit nombre d’élus, nous devons collectivement périr », avance nettement Fulcanelli.

 

Dans une de ses conférences, Laplace précisera que nous allons retourner en fait à la préhistoire, ajoutant qu’un jour ou l’autre pour autant nous reviendrons à la bombe atomique…

 

En 1978 Fabrice Bardeau participa à la défunte librairie parisienne La Table d’Emeraude à une « alchimique conversation » dont Eugène Canseliet fut un autre des acteurs. Pour Eugène on pouvait  dire aussi à cette époque que l’alchimie connaît une sorte de renouveau, de renaissance.

 

Et de noter que cela ne vient pas forcément du bas, il faut vraiment que déjà une certaine élite ait été séduite. « Le mouvement s’étend,  avec sûreté, certitude. » L’alchimie n’a jamais été aussi vivante, constatera Jacques d’Arès l’année même de la mort d’Eugène, se rappelant que ce dernier entretenait une très importante correspondance avec des jeunes de toute l’Europe, et en fait du monde entier. Et François Trojani d’affirmer en 1985 encore : « L’alchimie s’est manitenue intacte et vivante. »

 

« Il n’est pas douteux, explique de même Canseliet, que n’existe une parfaite identité entre le microcosme du philosophe hermétique et le macrocosme de Dieu. » Qui ne fait comme pratiquement toujours qu'abonder dans le sens de Fulcanelli:

 

« Tout est dans tout. Notre microcosme n'est qu'une particule infime, animée, pensante, plus ou moins imparfaite, du macrocosme. »

 

D’où on peut aisément inférer que c’est dans son creuset microcosmique que l’alchimiste doit déchaîner puis maîtriser une Apocalypse en réduction. Seulement voilà…

 

« Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », comme bien des maximes alchimiques, ne constitue-t-elle pas un axiome à double sens ?

 

Au XVIIème siècle, un Madathanus  écrivait que « le livre de l'Apocalypse scellé de sept sceaux est le Livre de Vie qui contient toutes les activités de la Teinture. »

 

Le drame de la matière dans le creuset trouve sa réplique dans l’histoire événementielle des hommes, estime pour sa part Johan Dreue.

 

Mais d’autre part « les élus, enfants d'Elie, seront sauvés selon la parole de l'Ecriture. Parce que leur foi profonde, leur inlassable persévérance leur auront mérité d'être élevés au rang des disciples du Christ-Lumière.

 

Ils en porteront le signe et recevront de lui la mission de renouer à l'humanité régénérée la chaîne des traditions de l'humanité disparue. » (Fulcanelli)

 

De quel signe s’agit-il ? Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour deviner avec Dreue et Khaitzine qu’il pourrait bien s’agir d’une croix : La lettre X marque le refuge. Et rappelle Trojani la forme radiante.

 

« Lorsque les convulsions de la terre et de l'air se furent dissipées, lorsque le feu se fut éteint et que l'eau se fut retirée, écrit Eugène Canseliet, la vie réapparut, et les élus, disciples d'Elie, quittèrent le lieu du refuge, que le sceau de l'ange leur avait assuré, en obéissance à la recommandation formulée dans l'Apocalypse:

 

Veuillez ne pas nuire à la terre, à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous marquions au front les serviteurs de notre Dieu. »

 

Et Eugène de relater illico que sans doute il était question de cet endroit du globe terrestre dans le Finis Gloriae Mundi, ce qui justifia le retrait de ce manuscrit et peut-être sa destruction par son auteur, Fulcanelli lui-même.

 

En alchimie, précise-t-il, « la longue étape des sublimations reproduit en particulier le déroulement visuel et angoissant du cataclysme universel et de la suprême tribulation.

 

D'où viendra, sur son grand cheval blanc, l'inflexible cavalier de justice, quand les points cardinaux auront été changés ?

 

(...).

 

 


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