La Symbolique de la LETTRE G

Edouard de Ribaucourt

prix // 12 €


« Une des personnalités les plus en vue de son époque dans le milieu Traditionnel, haut grade du GODF puis fondateur de la GLIR ancêtre de la GLNF, Édouard de Ribaucourt à travers une analyse savante des différentes langues, grecque, hébraïque, phénicienne, ainsi que de la symbolique des nombres 3, 5, 7, nous invite à le suivre dans son étude de 1907, aujourd’hui rééditée et commentée par les éditions Arqa. « L’étoile flamboyante était jadis l’image du fils du soleil, auteur des saisons et symbole du mouvement, de cet Horus, fils d’Isis, de cette matière première, source intarissable de vie, cette étincelle du feu incréé, semence universelle de tous les êtres. Au milieu de l’étoile parait la lettre G. » (Jean-Marie Ragon - What does that G denote ?)

 

« Associée à l’étoile flamboyante, la lettre G, cercle entrouvert séparé en deux en son centre, donne le ton à une scolastique ésotérique qui, sans se démentir, entre les deux colonnes, transmet et protège de - génération en génération - une vérité métaphysique sise bien en amont des obédiences révélées et des rituélies communément pratiquées. La lettre G, que les historiens de l’Art Royal voient apparaître au centre de l’étoile flamboyante à partir de 1737 va, dès cette époque de Lumières, en tant qu’élément archétypal du Temple à rebâtir devenir par excellence, l’icône de la pensée symbolique, langage muet s’il en fut pour mieux marquer les consciences concernées par cette conception spiritualiste de la Tradition Primordiale. »

 

Préface et Introduction Thierry E Garnier

Préface à la réédition de la symbolique de la Lettre G d’Edouard de Ribaucourt - Seconde édition.


62 pages


ISBN 2755100052


Voir aussi //

Article



(extrait)


« Je vous ai déjà dit que la lettre G, depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, avait, dans les différents alphabets autres que le latin, une forme angulaire, dont l’équerre est la figure symbolique actuelle. Dans l’alphabet phénicien, chez les Hébreux, c’est la troisième lettre ; dans le sanscrit, G était la troisième des quatre consonnes gutturales ; même le Iod hébraïque des mystères hébraïques, qui avait remplacé le G phénicien, était aussi la troisième porte-voyelle ; dans le gothique, le Giba était la troisième lettre de l’alphabet et correspondait en valeur numérique au chiffre 3 ; dans l’écriture glagolitiquc (slave antique), G est encore la troisième lettre ; le Ghé russe est la troisième consonne et a la forme d’une équerre.

 

Dans notre alphabet, la lettre G n’occupe pas une place quelconque et, quand on procède par voie de recherches kabbalistiques, on arrive à être convaincu que le classement des lettres n’a pas pu provenir d’un simple hasard, mais qu’il est l’application d’un plan, d’un système. Parmi les preuves multiples qui ont été avancées, je vous en citerai une, graphique, concernant notre alphabet actuel. Le mot meter, en sanscrit et en grec, signifie mesure et, aussi, voyelle. Les voyelles joueraient-elles, dans l’alphabet, le même rôle que les barres de séparation de mesures dans la musique ? (…) La signification de Connaissance se trouve dans le latin Co Gnoscere (Co Gnoscere) ; dans le vieux français, co’ G’ naître ; dans le grec Gnosis (connaissance), le sanscrit, G’na et Gana (savoir, connaître), etc. J’ai simplement voulu vous donner l’impression durable que, dans la majorité des mots où se trouve la racine G ou Gh, il y a eu à l’origine une idée de vénération, de puissance ou de connaissance attachée à cette lettre. Le nombre 3, auquel a correspondu la lettre G, est l’emblème des 3 états que nous rencontrons partout, dans tout ce qui existe. C’est ainsi que la matière, étudiée dans les sciences naturelles, en physique, en art, se présente toujours sous trois aspects différents. En sciences naturelles, la matière revêt les formes suivantes : la matière brute, la matière vivante, la matière pensante ; en sciences physiques : la matière solide, la matière liquide, la matière gazeuse ; en art de même, la matière est représentée sous ces trois aspects : aspect graphique (peinture, dessin, broderie), aspect plastique (sculpture, modelage), aspect idéal (description manuscrite). Elle se mesure au moyen des trois dimensions : longueur, largeur, profondeur. Dans les mathématiques, par exemple, nous voyons que, là aussi, les branches multiples de cette science peuvent être ramenées à trois sciences distinctes : la science des nombres (arithmétique), la science des lettres (algèbre), la science des figures (géométrie). Dans les anciens rituels, on dit que G, cinquième consonne de l’alphabet, est l’initiale de la cinquième science, la Géométrie ; nos ancêtres ont voulu symboliser par là que c’est en procédant d’une façon mathématique, comme le faisait Pythagore, que l’on empruntait l’éclat de cette vérité naturelle qui doit se répandre sur toutes les opérations de l’esprit. Vous avez cinq doigts, dont l’un, le pouce, est le plus important. Vous avez quatre membres, plus la tête qui commande au reste du corps. Le nombre 5 se retrouve dans les 5 points de félicité de la mac. d’adoption, dans les 5 paradis des Hindous, dans les 5 ordres d’architecture et dans les 5 grandes loges des mystères anciens. Les anciens représentaient l’Univers par (…). »

 

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Avant-propos

en forme de lettre ouverte

 

 

 

 

  " L'étoile flamboyante était jadis l'image du fils du soleil, auteur des saisons et symbole du mouvement, de cet Horus, fils d'Isis, de cette matière première, source intarissable de vie, cette étincelle du feu incréé, semence universelle de tous les êtres. Au milieu de l'étoile parait la lettre G. "

 

Jean-Marie Ragon

 

 

   S'il est un symbole d'excellence, incontournable de l'initiation maçonnique et bien au-delà, de la Tradition polaire tout entière, c'est bien de la lettre G qu'il s'agit… (1)

 

 - What does that G denote ?

 

   Associée à l'étoile flamboyante, la lettre G, cercle entrouvert séparé en deux en son centre, donne le ton à une scolastique ésotérique qui, sans se démentir, entre les deux colonnes, transmet et protège de génération en génération, une vérité métaphysique sise bien en amont des obédiences révélées et des rituélies communément pratiquées.

 

   La lettre G, que les historiens de l'Art Royal voient apparaître au centre de l'étoile flamboyante à partir de 1737 va, dès cette époque de Lumières, en tant qu'élément archétypal du Temple à rebâtir, devenir par excellence, l'icône de la pensée symbolique, langage muet s'il en fut pour mieux marquer les consciences concernées par cette conception spiritualiste de la Tradition Primordiale. Celle-ci, lorsque maçonnique, a ses arcanes, ses grades, ses degrés. Sa vérité est d'initier en essence le profane, le cherchant. Subtilement. Comme une imbibition volontaire et sacrée dont le seul but est la vénération des mystères dans l'athanor véritable de la Loge. Et l'Initiation authentique n'est-elle pas, assurément, comme le suggère Mircea Eliade (1907 - 1986) " le phénomène spirituel le plus significatif de l'histoire de l'humanité " ? La lettre G, cinquième consonne de l'alphabet latin, (les chiffres 3, 5 et 7 lui sont associés), prendra comme il  se doit, en fonction des différents grades pratiqués, une résonance particulière. Elle est l'initiale de la cinquième science, la Géométrie, autrement dit l'Art du Trait associé à la symbolique des nombres tel qu'enseigné dans la Tradition compagnonnique. Ceci est corroboré d'ailleurs et rarement cité par les exégètes, par l'étymologie grecque des mots Géométrie ( geometria ) et Gématrie ( gematria ) qui confondus   symboliquement enseigne bien l'omnipotence du Verbe au sein de la voie des Nombres, voie sèche certes, mais ô combien gratifiante pour le lecteur avisé qui découvrira dans les sillages tourmentés d'un Wronski (1776-1853) ou d'un Lacuria (1806-1890) les fusées éclairantes et si lumineuses de la Tradition pythagoricienne. Et si la lettre G est aussi l'initiale, pour les pays anglo-saxons, du Grand Architecte de l'Univers (Gad, Gut, Gott, God, Goda), on ne perdra pas de vue, selon la cabale avec un " C " (2), que sa relation directe avec le Iod hébraïque, initiale du Tétragramme divin, n'est pas seulement homophonique, entre God et Iod, mais bien aussi parfaitement symétrique, dans une symbolique de premier degré.      

 

Cependant associer Dieu, voire un Dieu (mais quel Dieu ?) au Dieu des Hébreux, h w h y , reste, somme toute, chose à démontrer plus qu'à énoncer (3).

 

   G, lettre que l'on peut parfois trouver symboliquement comme initiale du mot Graal, cela n'est pas sans intérêt, signifie aussi Génération et au grade de Maître " Gémissons… ". Gémissements avoués envers une nature naturante qu'il nous faudra découvrir ou redécouvrir, encore et encore ; longue plainte aussi, envers une Anima Mundi, matrice universelle et vierge noire, âme bienfaitrice sublimement salutaire d'un monde déchu où règne aujourd'hui, sans discernement aucun, un obscurantisme parmi les plus enténébrés.

 

  Gémissements enfin, en direction d'une Isis voilée dévoilée, dont le frère maçon est fil et fils éternellement inconsolable...

  

   “ Il existe des choses connues, d'autres qui ne le sont pas, entre elles sont les portes. " 

 

William Blake

 

    Cette lettre G, connue de toutes les traditions initiatiques occidentales et assimilée de la même manière dans un ternaire sacré par les autres, c'est d'ailleurs ce que nous montre dans cette courte étude édouard de Ribaucourt, possède aussi en propre, un caractère symbolique puissant qu'identifièrent sans mal certains initiés de la voie solaire. Ainsi, le poète Gérard de Nerval (1808-1855), qui ne fut pas franc-maçon (4), mais sans doute membre de la  très secrète Société Angélique, parsema son œuvre de références constantes à cette lettre G dont le symbolisme profond ne lui était certes pas inconnu, et qu'il associait, pour lui-même, selon le langage des oiseaux au Geai, pour inscrire son nom en Geai rare ou encore G rare. Un geai qu'il dessinait en cage, pour signifier l'emprisonnement de l'âme au sein du corps. Et encore d'autres aussi qui, de Rabelais (1494 -1553) à Grasset d'Orcet (1828-1900), attirèrent le regard du questeur, sur la spécificité de cette lettre. Mais pour rester, pour l'heure, dans la symbolique maçonnique, nous n'omettrons pas, avant de conclure, de signaler que l'étoile flamboyante associée à cette lettre G, fut aussi mise en exergue, sub velum, selon une symbolique particulière, afin de figurer l'identification à une prima materia dans les rituels alchimiques attribués au baron de Tschoudy. Chose suffisamment singulière pour que nous puissions nous y arrêter quelques instants (5).

 

 

Edouard de Ribaucourt ( 1865-1936 )

 

 

   Ce franc-maçon de haut grade, 31e du Grand Orient de France, né en Suisse de parents français, professeur d'Histoire naturelle et auteur de cet ouvrage, n'est pas un inconnu des historiens de la franc-maçonnerie puisqu'on le retrouve en 1913, le 5 novembre exactement, comme fondateur de la GLIR, appellation précise de la Grande Loge Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies françaises qui devint en 1948 la GLNF, Grande Loge Nationale de France (6). Cette nouvelle obédience, rameau schismatique du GODF diront certains, ou retournement de principe dans le giron de la Grande Loge Unie d'Angleterre à travers une voie non "substituée" dirons d'autres, propose à ses membres : “une croyance en Dieu exprimée sous le nom de Grand Architecte de l'Univers, une prestation des serments sur un livre sacré ainsi qu'un travail symbolique et spiritualiste en loge excluant catégoriquement tout échange à consonance politique ou religieuse”. édouard de Ribaucourt, frère du Grand Orient de France donc, après un parcours exemplaire, a 55 ans en 1907 lorsqu'il rédige ce petit opuscule (7). Son itinéraire personnel l'amène alors à travers ces quelques lignes à préciser clairement son jugement concernant sa perception du Grand Architecte de l'Univers, porte-parole qu'il est aussi du GODF, ainsi l'on pourra trouver en fin de volume cette note :

 

  C'est pourquoi la majorité des FF ...  MM ... , du Globe disent Grand Architecte de l'Univers. Le G ... O ... , en abolissant ce symbole, n'a jamais entendu par là combattre ou abattre une des traditions de la maçonnerie universelle ; il a voulu enlever à nos adversaires un prétexte à équivoque parfois dogmatique et donner le maximum de liberté à ses adhérents. C'est ce qu'a fait ressortir clairement la déclaration du Conseil de l'Ordre du 20 septembre 1906 ainsi conçue :

 

   " Respectueux de toutes les croyances comme de toutes les incrédulités, chercheurs de vérité nous éclairant des seules lumières de la raison et laissant aux autres le droit à la foi, nous nous opposerons de toutes nos forces à ce que la liberté de la pensée humaine puisse recevoir une atteinte. "

 

   On le voit, cette citation avec le relief du temps écoulé méritait une certaine relecture (8).

 

   Sur le fond, cet ouvrage, témoignage maçonnique, en filigrane, d'une époque troublée ou rénovée, comme l'on voudra, sans être exhaustif bien sûr dans toutes ses propositions symboliques, pose les jalons d'une étude sur la lettre G, étude somme toute essentielle pour le franc-maçon de tout grade et de toute obédience et questionne sur la difficulté de cerner un signe et ce malgré l'approche ou l'érudition que chacun peut posséder en ce domaine précisément.

 

   Ajoutons pour finir, en ces temps de confusion (et cela nous semble essentiel d'être dit autant qu'écrit), qu'un symbole, s'il est le lieu Traditionnel de toutes les rencontres possibles au cœur d'un champ sémantique accepté par tous, graphique et sémiotique, inconscient et collectif, mouvant et réverbérant, ne pourra toutefois jamais être    " un grand sac " dans lequel on peut mettre, ou puiser c'est selon, tout ce qu'on a envie d'y voir ou de croire à son propos.

 

     D'où l'utilité, parfois, souvent, de revenir à une source.

 

 (extrait) - ARQA ed.  / janvier 2005

 

 

 


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