Notes historiques sur le Rite ancien & primitif de MEMPHIS-MISRAIM

Jean Bricaud

prix // 15 €


préface Denis Labouré

 

Pour Jean Bricaud : « Le rite de Memphis-Misraïm ne peut convenir qu’à un nombre très restreint d’individus. Ils se recrutent principalement parmi les étudiants de l’Occultisme et de l’Hermétisme, lesquels, du fait de leurs études, sont plus aptes que les autres à comprendre les secrets initiatiques réels. ».

 

Denis Labouré en initié féru de ces sciences occultes supérieures que sont l’Alchimie, l’Astrologie et la Théurgie, nous propose dans une préface lumineuse un éclairage pertinent de ce court texte datant de 1933 pour sa première édition et 1938, pour la seconde. Cet opuscule devenu fort rare et conservé seulement en bibliothèques privées méritait amplement une nouvelle présentation afin de donner au chercheur de vérité certains repères authentiques et, en quelques dates, une vue d’ensemble concernant ce Rite.

 

Sommaire / Préface de Denis Labouré - Avertissement – Constant Chevillon - Origine du Rite de Memphis Misraïm – Jean Bricaud - Chronologie du Rite de Memphis-Misraïm – Jean Bricaud - Remerciements.


80 pages


ISBN 2755100222


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Article



(extrait)


« On connaît la maîtrise actuelle. Elle n’est, dans son résumé, qu’un pâle reflet de l’initiation primitive, dont le drame allégorique a été défiguré par la suite des événements politiques à l’époque de sa rénovation. Bien que le symbolisme moral y laisse une grande part au symbolisme philosophique, l’altération du système est telle, et les développements en sont si incomplets, qu’il faut aujourd’hui toute l’habileté d’un vénérable instruit pour donner de l’intérêt aux interprétations des hiéroglyphes écourtés (le Phénix même a disparu) de ce beau grade. Si, comme nous le désirerions, on voulait doubler les trois degrés symboliques, vrais grades d’épreuves, commentés et élaborés dans les trois écoles d’instruction que nous avons proposées avec trois grades corres-pondants appelés philosophiques ou grands mystères, dans lesquels seraient développées les doctrines secrètes anciennes, on y ouvrirait à l’adepte le dépôt de ces connaissances, et des vérités les plus utiles ; il reconnaîtrait la vérité de l’alliance des deux systèmes, le symbolique et le philosophique dans les allégories des monuments de tous les âges, dans les écrits des prêtres de toutes les nations, dans les rituels des sociétés mystérieuses ; il y verrait une série constante, une uniformité invariable de principes qui partent d’un ensemble, vaste, imposant et vrai, et qui ne seraient réellement bien coordonnés que là. Le charme de la séduction et le désir ardent de connaître pousseraient l’adepte à pénétrer dans le sanctuaire, en parcourant les sentiers épineux qui y mènent, et, secondé par une volonté forte, une persévérance constante et une étude sans préjugés, il parviendrait à soulever le voile ; et le secret de ces allégories, de ces emblèmes, de ces symboles, de ces énigmes sacrées, cesserait d’être un mystère pour lui ; car la nature lui serait dévoilée. Bricaud nous explique lui-même les préoccupations du Rite Primitif des Philadelphes, en sa troisième classe. Dans le Rite Ancien et Primitif de Memphis auquel est venu s’adjoindre par la suite le Rite de Misraïm, (…). »

 

 

 

Origine du Rite

de

Memphis - Misraïm

 

 

L'Ordre Maçonnique est partagé en différents Rites, lesquels, bien que divers, sont cependant tous basés sur les trois degrés de la Maçonnerie Symbolique.

 

En France, les Rites actuellement pratiqués sont : le Rite Français (Grand Orient), le Rite Ecossais (Grande Loge et Suprême Conseil), le Rite Anglais (Grande Loge Nationale), le Rite Ecossais rectifié (Loges de Maîtres Ecossais de Saint-André, dans la Grande Loge Natio­nale) et enfin le Rite de Memphis-Misraïm (Souverain Sanctuaire).

 

Mentionnons encore, bien qu'étant en dehors de la Maçonnerie de tradition parce qu'il initie les femmes au même titre que les hommes, le Rite mixte, pratiqué par le Droit Humain et par la Grande Loge Mixte, scission du Droit Humain.

 

Notre but n'étant pas d'examiner l'organisation de ces Rites, mais de réunir en quelques pages des notes et dates historiques concernant le Rite de Memphis-Misraïm, nous dirons simplement que chacun de ces Rites a son autorité régulatrice et sa hiérarchie. L'autorité reconnue par cha­que Rite, a seule le droit de constituer des Maçons, de promulguer des décrets dans ce Rite, et de conférer les degrés de sa hiérarchie.

 

Le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, res­pectant par-dessus tout les principes traditionnels de la Franc-Maçonnerie qu'il a maintenus et veut maintenir intacts, tient à déclarer qu'il respecte l'indépendance des autres Rites, et comme il ne s'immiscie en rien dans les actes émanant de leur autorité, il entend que les autres Rites agissent à son égard de la même manière.

Le Rite de Memphis-Misraïm est l'héritier des tradi­tions maçonniques du XVIIIe siècle, dont il a gardé les sages principes, la force morale et la discipline. Il tire son origine de la Maçonnerie Occulte des Philalètes de Paris, des Frères Architectes Africains de Bordeaux, de l'Académie des Vrais Maçons de Montpellier, du Rite de Pernety d'Avignon, et surtout du Rite Primitif des Phila­delphes de Narbonne.

C'est à ce Rite primitif des Philadelphes, établi vers 1779 à Narbonne par le Marquis de Chefdebien, que le Rite ancien et primitif de Memphis-Misraïm fait remon­ter l'origine de ses principes et la forme de son organi­sation. Le régime était divisé en trois classes de maçons qui recevaient dix degrés d'instruction. Ces classes ou degrés n'étaient pas la désignation de tels ou tels grades, mais des dénominations de collections pouvant être éten­dues en un nombre infini de grades. La troisième classe formée de quatre chapitres de Rose-Croix s'occupait de la maçonnerie au point de vue ésotérique et étudiait par­ticulièrement les sciences occultes.

Le Rite primitif de Narbonne fut agrégé au Grand Orient en 1806. Mais, en avril 1815, il y eut, à Montau­ban, une sorte de renaissance du Rite.

Le Rite primitif de Narbonne avait, en 1798, été importé en Egypte par des officiers de l'armée de Bona­parte, qui avaient installé une Loge au Caire. C'est dans cette Loge que fut initié Samuel Honis, lequel, venu en France en 1814, rétablit à Montauban, en 1815, une grande Loge sous le nom Les Disciples de Memphis, avec l'assis-tance de Gabriel Marconis de Nègre, du baron Dumas, du marquis de la Roque, de J. Petit et Hippolyte Labrunie, anciens frères du Rite. Le Grand Maître était le F. Mar­conis de Nègre.

 

A la suite d'intrigues, cette grande Loge fut mise en sommeil le 7 mars 1816. Les travaux furent repris en 1826 par une partie de ses membres, mais sous l'obédience du Grand Orient de France.

 

Quelques années plus tard, plusieurs frères, parmi lesquels Etienne Marconis de Nègre, fils du Grand Maître des Disciples de Memphis et haut gradé du Rite de Misraim, eurent l'idée de réunir les degrés des divers Rites pratiqués jusqu'alors et de les consolider sur les principes adoptés à Montauban.

Ils examinèrent les degrés des divers Rites, les révisèrent et les encadrèrent d'un certain nombre de degrés rassem­blant et expliquant les dogmes religieux des anciens Hierophantes et des Initiations anciennes, puis ils don­nèrent à cette organisation le titre de Rite ancien et primitif de Memphis. Les degrés d'initiation furent divisés en trois séries et sept classes, qui sont bien moins des rangées de degrés que des Ecoles, où, comme dans le Rite primitif de Narbonne, sont enseignées les sciences maçonniques.

La première série enseigne la partie morale, reposant sur la connaissance de soi-même. Elle offre l'explication des symboles, des emblèmes et des allégories ; elle dispose les initiés à l'étude de la philosophie maçonnique.

La deuxième série comprend l'étude de l'histoire et des Rites maçonniques les plus universellement répandus, ainsi que des mythes poétiques de l'antiquité et des initiations anciennes.

 

La troisième série renferme le complément de la partie historique de la philosophie, elle étudie le mythe religieux dans les différents âges, de même que toutes les branches de la science appelée occulte ou secrète; enfin, relativement à la Maçonnerie, elle en fait connaître la partie mystique et transcendante, composée d'ésotérisme et de grands mystères, et admet les études occultes les plus avancées.

 

Non seulement chacune de ces trois séries est formée de plusieurs divisions dans lesquelles sont conférés tous les degrés maçonniques modernes, mais encore, tout en conduisant progressivement à travers les anciens mystères où se révèle la raison d'existence de ces degrés, la der­nière série révèle l'ésotérisme de la Maçonnerie, la Gnose, cette science qui s'est perpétuée de siècle en siècle jusqu'à nous et illumine aujourd'hui notre institution.

 

Telle est l'origine et la constitution du Rite ancien et primitif de Memphis, auquel est venu s'adjoindre, par la suite, le Rite de Misraim.

 

D'après ce qui vient d'être dit, on comprendra facile-ment que le Rite de Memphis-Misraïm ne peut convenir qu'à un nombre très restreint d'individus. Ils se recrutent principalement parmi les étudiants de l'Occultisme et de l'Hermétisme, lesquels, du fait de leurs études, sont plus aptes que les autres à comprendre les secrets maçonni­ques réels, ainsi que parmi les Maçons studieux qui ne se contentent pas de savoir faire certains signes ou d'ap­prendre la prononciation de certains mots dont ils ignorent le sens, mais sont désireux de remonter jusqu'à la source réelle de nos institutions et d'étudier la partie occulte et transcendante de la Maçonnerie.

 

(...)

 

 

 


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