La première constellation de votre ombre

Jean-Luc Lévy

prix // 10 €


« Je suis tel un passager, un locataire des mots, qui prête temporairement sa main au monde. »

 

Ainsi se définit Jean Luc Lévy qui, dans ce second recueil de poésie, après Bonheurs provisoires, nous convie, à nouveau, chemin faisant, de pérégrinations incertaines en battements de cœurs, d’aphorismes bleutés en « tombées de lettres », entre souffles et murmures, par petites touches indicibles, à la description happée de son quotidien transi. Fragments endormis, détournés de réels disjoints, moments intimes vécus ou rêvés, poésie partagée écrite dans les gares, les aéroports, en transit, entre deux espaces, entre deux temps, entre deux … Poésie ramenée à l’essence, dans cette seconde partie de la nuit que, seul, l’auteur ou l’artiste, connaît authentiquement ; car dans la pénombre des limbes, la Muse évoque alors au poète, au maudit, la tentation de vivre.

 

Jean Luc Lévy, nous propose ici, dans ce recueil, de le suivre en ami, en un partage insolite, celui du bonheur d’une âme, cheminant pas à pas, mot à mot, sensiblement, parfois même à rebours, jusqu’à l’extrême de nos ombres. Et ce pour dire, en substance, l’importance du mot nu.


76 pages


ISBN 2755100044


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Article



(extrait)


écrits mensuels

 

Je dois saigner chaque mois pour toi mais cela ne sert qu’à vivre.

 

Les horizons sont comme reconstruits sortant de terre. Il était encore tôt ce matin lorsque je m’éveillais dans le silence des livres laissés ouverts, alors je recommençais ma lettre d’amour, passage éveillé au monde vivant, exercice du matin sous le caveau du ciel encore éteint.

 

Sur cette chaise de bureau j’étais un paraplégique heureux ; quelques lignes pour mirer les feuillage attendant un vent incertain, les chemins patientaient en attendant nos pas du jour dans le chuchotis de l’aube et les soleillements en mosaïques d’ocres.

 

Nouvelles à chaque heure du jour, des coulures de mots et fragments rassemblés en un chant du monde, le mien.

 

Alors parfois je glissais un poème dans ton lit, encore chaud de sommeil et l’âme de beurre allégé je pouvais enfin retourner à la nuit de la terre nu comme un squelette attendant de couronner le tien et même fêter par des sonnailles et tracer avec ton eau de vie des silences et fermer les yeux à cette lumière aveuglante de sel.

 

Attendre.

 

L’écheveau de confetti du ciel pour mon repos de la nuit.


  *   *   *